Plus de 200 000 nouveaux cas d’Alzheimer se declarent chaque annee en France. Comment reperer precisement qu’il s’agit bien d’Alzheimer et jamais de la demence tout d’un autre type ? Reportage dans un centre memoire ou seront fera nos diagnostics.
Etre caoable de reproduire un dessin fait partie des tests d’aptitude pour evaluer l’etat cognitif du patient. © Getty
Environ 200 000 nouveaux cas d’Alzheimer se declarent chaque annee en France. Mais est-on vraiment sur qu’il s’agit bien une maladie et jamais de la demence de la nouvelle categorie ? On a tendance a parler d’Alzheimer Dans les faits des qu’il y a perte de memoire ou une desorientation chez une personne agee. Pour en avoir le c?ur net, les outils cliniques et biologiques sont Sans compter que et puis precis. Nous sommes alles au centre memoire du CHU de Toulouse, ou seront poses les diagnostics au service du professeur Bruno Vellas.
” Cela s’exprime moins bien, il a bon nombre change depuis un an”
Nous y rencontrons ce jour-la, Francois, 87 ans. Cela arrive au centre accompagne de sa femme ainsi que sa fille. Elles paraissent formelles : voili quelque temps, i§a ne sera plus pleinement le meme, il devient confus, explique son epouse: “Il ne se rappelle plus de rien. Legerement du passe, mais du present, plus tellement. Il s’exprime moins beaucoup, il a nombre change depuis un an, ca evolue vraiment. Je le laisse bien aller seul au village, mais s’il souhaite aller ailleurs, je viens avec lui.”. Francois reconnait lui meme qu’il doit dorenavant bien ecrire Afin de s’en rappeler, il peine a trouver ses mots, ou meme des dates. Lorsque l’on lui demande sa date maternel, Prenons un exemple, il devra reflechir. L’annee de sa naissance ne lui vient pas naturellement. Cela en est d’ailleurs visiblement tres tourmente. “C’etait un homme qui avait des responsabilites et qui etait plutot autoritaire, explique une cousine. C’est dur Afin de lui, de se retrouver au sein d’ cette confusion”.
On voit quatre annees deja, Francois avait consulte pour des petites pertes de memoire. A l’epoque, le bilan cognitif n’etait jamais inquietant. Quatre ans prochainement, la psychologue du centre, Camille Coulange lui fait repasser une batterie d’examens neuropsychologiques et d’exercices de memoire. La seance dure une heure. Francois devra copier un dessin, puis s’en souvenir et le reproduire sans le modele, il doit retrouver des mots aussi, qu’on lui montre et qu’on lui cache ensuite. Retrouver le nom tout d’un fruit au milieu de diverses 
autres mots. Identifier des dessins : un croquis de velo, d’ampoule, de table, de bateau. Parfois, Francois a une reponse claire et precise, il reproduit beaucoup les dessins, entre autres, mais parfois aussi il cherche ses mots et on voit qu’il peine un brin. Et surtout que celui-ci cherche ses mots.
25% de risque de se fourvoyer au diagnostic sur la base de l’examen neuropsychologique
A J’ai fin de la seance, Camille a la totalite des elements du diagnostic clinique, qu’elle soumet a l’equipe medicale. Le Docteur Julien Delrieu, neurologue geriatre, te prend le relais et annonce les choses a Francois et sa famille. Pour le medecin, aucun doute, ou limite, c’est Alzheimer : “L’hypothese principale, au regard de la peine de Francois, c’est Alzheimer. Depuis l’age, qui reste un facteur de risque, les problemes constates lors du bilan, mais aussi l’IRM qui laisse affirmer que c’est ca aussi car _les structures de la memoire, des hippocampes, ont diminue de volume de facon significative”_.
A votre age, de fait, c’est souvent Alzheimer, mais pas toujours. “En gros, on a 25% de va parfois se fourvoyer, ca souhaite dire 25% de risque que ce soit en fait autre chose, une maladie neurodegenerative qui ne pourrait i?tre pas Alzheimer. Mes signes cliniques sont amis, mais dans ce cas ca evolue en general moins vite qu’Alzheimer”, explique le Docteur Delrieu.
Dans la situation de Francois, la maladie est trop avancee et le patient trop age pour pousser des investigations. Faute de traitement, on va surtout chercher a attenuer nos symptomes, on lui prescrit notamment des seances d’orthophonie pour l’aider. Plus jeune et a un stade plus precoce, on aurait propose au patient une ponction lombaire, pour voir quand on retrouve au liquide cephalo-rachidien nos biomarqueurs d’Alzheimer: “On ne la propose pas de maniere systematique. On la propose aux sujets jeunes, ayant besoin de savoir puisqu’il y a une inquietude. Ils veulent un diagnostic precis, ainsi, on le propose quand des troubles sont legers et qu’on hesite, mais il va falloir quand meme qu’on ait objectivement mis en evidence Divers troubles cognitifs”, ajoute Julien Delrieu.
Depister de facon precoce c’est l’enjeu, car plus on detectera tot, plus on aura de chance de freiner la maladie”
Avoir ces biomarqueurs ne signifie pas forcement qu’on a Alzheimer, mais nos avoir qui plus est des manifestations cliniques est une signature. Bientot, on pourra aussi retrouver ces biomarqueurs au sang, le diagnostic precis en sera facilite car la ponction lombaire demeure 1 geste invasif. Le Professeur Bruno Vellas dirige le Gerontopole de Toulouse: “On reste capable de voir Effectivement si quelqu’un bien une telle proteine amyloide anormale qui va s’accumuler au cerveau et qui caracterise la maladie. L’age moyen du diagnostic chez nous c’est 74 annees. Autour de votre age, c’est souvent Alzheimer, plus jeune, ca peut etre une demence frontale. Depister de facon precoce c’est l’enjeu, car plus on detectera tot, plus on aura de chance de freiner la maladie. On l’espere”.
Au moment oi? les biomarqueurs confirment le diagnostic, on peut tenter de faire rentrer le patient au sein d’ un essai clinique pour tester de nouvelles molecules. Elles ne guerissent gui?re mais elles freinent. Mes Etats-Unis les ont deja autorisees.
